Passion des massifs… Massacan en mode exploration
Une boucle de Nîmes à Nîmes, avec comme passage incontournable le Gard, le Vaucluse et le Lubéron, avec son emblématique mont Ventoux et ses champs de lavande. Quatre jours de découvertes dans une ambiance cool malgré une météo capricieuse. Mais ça n’a pas entamé notre détermination pour cette virée tant attendue.
La veille de notre départ, nous sommes arrivés à Nîmes pour préparer nos vélos et peaufiner notre itinéraire sur Komoot. On a également réservé notre premier hôtel, car on optait pour un trip léger. Vu la météo, on était tous ravis de pouvoir se sécher devant les souffleurs des salles de bains ; certains y laisseront même des semelles fondues…
Le jour J, c'était l'excitation totale ! On a bien sanglé nos sacoches, on s'est boostés avec 10 cafés, et nous voilà partis, traversant le Gard sur des pistes de plus en plus belles. La découverte pour chacun de nous, avec comme premier objectif le Pont du Gard. Ce majestueux aqueduc romain qui acheminait l'eau jusqu'à Nîmes ! Imposant, traversant une rivière qui donnait envie de faire des bombes et de s'amuser comme des gosses. Les touristes étaient là, en mode pique-nique au soleil, tandis que nous descendions les quelques marches avec nos vélos sur l'épaule. Sandwiches, glaces, et hop, on repartait. Il nous restait environ 60 km sur les 100 prévus, alors pas question de traîner. Quand un énorme portail s'est dressé devant nous au milieu de nulle part, on a hésité, on s'est regardé, puis on a décidé de prendre le risque. On s'est retrouvés dans une réserve de chasse un peu glauque, et personne n'osait parler, silence total et fesses serrées ; on a croisé des biches prisonnières. Vite, on a filé et retrouvé un autre portail, ouf, nous voilà de l’autre côté. Et là, c'était du gravel Cadillac (traduction : des pistes ultra larges et roulantes) direction les Dentelles de Montmirail dans le Vaucluse, pour rejoindre le village de Beaumes-de-Venise.
Une première journée prometteuse pour nous préparer au Ventoux du lendemain. Une fois au village, on s'est posé au bistrot, Ricard et pistaches, puis pâtes et pizzas dans un petit hôtel. Les premières marques de soleil sur les visages et les mollets pour d’autres. Allez, bonne nuit, demain, c’est du sérieux.
Le deuxième jour, on s’est réveillés sous la pluie, en priant pour que ça passe le temps de prendre le café et de se goinfrer de tartines au beurre et à la confiture. Pas de chance, les premiers coups de pédale se sont faits sous la pluie, avec les vestes de pluie et les capuches remontées jusqu'en haut. On a emprunté des chemins de vignes boueux et glissants, pour le plus grand bonheur d'Antoine, qui commençait à se demander dans quoi il s'était embarqué. Matt a filmé la scène et s'est bien marré. Sur la première route, on a enlevé toute la boue accumulée sur nos pneus avec un bâton... certains y ont laissé près d'un kilo de terre bien collante.
Puis, c'était à fond sur la route, et nous voilà officiellement aux pieds des Dentelles de Montmirail. Une formation rocheuse taillée en pointe et érodée au-dessus de nous. Pour la petite histoire, "Montmirail" vient du latin "mons mirabilis", signifiant "mont ou montagne admirable". Malgré la pluie, on a admiré le panorama. Plus ou moins roulant, on a atterri sur une piste cassante avec des cailloux taillés en forme de ciseaux (bon, j’exagère un peu), mais j'ai crevé (bon, j’avais déjà une petite fuite pour être honnête), direct ! Mais Matt a brillamment géré, une mèche en deux temps trois mouvements, je regonfle, et c'est reparti pour Malaucène, où on a mangé une grosse omelette et des frites pour reprendre des forces...
Et bam, gros morceau, le Ventoux. Il était 14h30, on sortait de table... vous voyez le tableau, ce ne sera pas une partie de plaisir, enfin surtout pour moi et Antoine, mais on est en vacances, pas pressés mais on avance.
La piste était incroyable, une montée progressive dans les bois pour rejoindre le Chalet Liotard, et là, il nous restait 5 kilomètres sur une route fermée, seuls au monde. Plus une seule goutte d’eau, on était épuisés, mais tout était oublié en apercevant le sommet.
Quelques photos en chemin avec la neige qui restait au bord de la route, et nous voilà enfin en haut, et c’est toujours aussi magnétique. Il y avait peut-être 3 touristes avec nous au sommet. Le temps était menaçant. On a acheté des sodas dans l’épicerie encore ouverte, on a caressé Sven, un gros toutou magnifique croisé là-haut, et on s’est habillé vite. Clic, clc, photo au panneau.
La pluie arrive. On enfile tout ce qu’on a et on descend aussi sûrement que possible sous l’averse. 20 km de descente jusqu’à Bédoin, il suffisait de se laisser glisser. Là, on a dormi chez Colette ! Une chambre et trois lits, comme à la colo. On était trempés et dégueu, mais Colette s’en fichait, elle avait l'habitude d'accueillir des cyclistes. On est allés sous la douche, chacun son tour, on s’est fait beaux et on est allés à la pizzeria Paradiso (comme le film), et on s’est régalés : calzone, 4 fromages, tiramisu et pichet de rouge. Il faisait chaud, ça fumait dans la petite salle, poster de football italien au mur et anciens rallyes, on était bien. On a parlé du programme du lendemain jusqu’à être les derniers clients. On s'est couchés rassasiés.
Le matin, il faisait enfin presque beau. Petit déjeuner à la boulangerie du coin où on a fait le plein. C’était bondé de monde, villageois et touristes de passage ; souvent, des cyclistes faisaient le plein de glucides avant de repartir. Pour nous aujourd'hui, c’est direction le Luberon pour dormir au pied des Alpilles.
Dans un tout petit village, un passant connaissait nos vélos et nous a interpellés ; son fils était fan de la marque. Il nous a pris en photo. Un truc comme ça au milieu de nulle part, ça fait plaisir. On s'est arrêtés pour acheter une carte postale et prendre un dernier café avant de s'enfoncer dans les chemins. Les Gorges de la Nesque nous attendaient. Falaises et parois rocheuses donnaient le vertige, nous promettant une belle descente et une montée bien technique pour le plaisir de tous. Ça passait limite, mais en vrai, ça s'est très bien passé et tout le monde a transpiré jusqu’au bout !
À l'arrivée, on atterrit sur un plateau de fou avec une descente tout schuss. Chacun s’envole comme une fusée, balayant les cailloux sur la piste. Au bout, on prend de petites routes et des chemins de vignes. Personne n'est seul au monde. Dans un petit col, on se tire un peu, les jambes vont bien et on a envie de rouler. Les petites routes sont hyper charmantes et nous donnent même envie de prolonger le moment sur le bitume. Ça serpente, c’est étroit et surtout, c’est hyper isolé. De loin, on aperçoit notre objectif : le village de Roussillon pour une crêpe. Il fait chaud et on peut enfin profiter en t-shirt. Au village, c’est terrasse et ravito gourmand. Les touristes sont en masse, ça nous fait tout bizarre après le calme absolu, mais ce n’est que pour une courte durée. En partant de Roussillon, on voit la route des crêtes face à nous. Une route fermée aux voitures au milieu d’une forêt de cèdres. Un petit paradis qu'on a bien envie de prolonger. Plus de 18 kilomètres depuis Bonnieux ; une légère montée et ensuite, c’est tout plat, descendant jusqu’à Cavaillon. Entre-temps, il suffit de profiter du panorama et du vent qui nous secoue un peu.
C'est incroyable d'être là ! On a envie d'y retourner alors qu’on y est encore, à se demander où prendre une belle photo.
La journée se termine par une averse qui va sacrément nous rincer ; il pleut comme vache qui pisse, dirait ma mère. Bref, on arrive plus que trempés au gîte, et il ne pleut plus. Mais ce soir, on se fait plaisir au restaurant de l’Aubergine à Eygalières, un petit village des Alpilles qui donne envie de s’attarder. Une bouteille des Terres Blanches s’il vous plaît, et on se partage un gros morceau de brie à la truffe à l’apéro ; on a bien le droit de se faire plaisir.
Les peaux sont rosées et craquelées, et au premier verre, on est déjà pompette. A la sortie, on dévale les 4 km de vélo pour rejoindre notre lit dans le village voisin. Un petit tour de nuit qui marque la fin de ce voyage avant de retrouver la ville. Mais pour le moment, on se laisse descendre sur une route de campagne emmitouflée dans nos doudounes. On est bien.
FIN.