Estéron - Verdon : Glagla Adventure
JOUR 1 : Départ pour le froid et le calme
Départ de Gilette, à moins d’une heure de Nice. Ce soir, on dort à Saint-André-les-Alpes, dans le Verdon. Entre les deux, 90 km à parcourir avec toute la journée devant nous pour profiter. Cette fois, on roule avec Scapada, notre allroad taillé pour ces petites routes perdues. L’Estéron, déjà tranquille en temps normal, est encore plus calme l’hiver. Le Verdon ? Vidé des touristes par le froid. Pour nous, c’est parfait.
On s’est équipés pour affronter le week-end glacé : chaussures d’hiver, gants doublés façon moufle, doudoune, veste Gore-Tex, et même des chaufferettes (restées sagement dans les sacoches). Tour de cou transformé en cagoule : prêts à rouler sans frissonner.
Les routes sont rares par ici, on suit le ruban d’asphalte qui descend doucement dans la vallée, longeant l’Estéron. En contrebas, la rivière chante, et on aperçoit des pistes de gravel qui nous font rêver à de futures escapades. Premier arrêt à Roquesteron, sans doute le village le plus "vivant" de la journée. Deux cafés au PMU pour observer le ballet des anciens du coin. Petit dej’ improvisé avec deux gaufres Näak et quelques Haribo qui traînent.
La magie des petites routes
Puis, la route se resserre, les voitures se font rares. Plus on avance, plus on s’enfonce dans le silence. On pédale doucement, comme pour retenir la journée. Entre deux “waouh, t’as vu ça ?”, on lève les yeux, on s’émerveille, et on repart. Personne ne nous attend ce soir, juste une table réservée dans un resto quelque part. Alors, pas de raison de se presser.
La parenthèse enchantée
Au détour d’une route, on décide de grimper jusqu’au village du Mas. C’est le marché de Noël : crêpes à chaque coin de rue, ambiance festive. On pose les vélos sur un muret, on partage un sandwich sorti des sacoches, et avec les quelques pièces qui nous restent, on s’offre une crêpe au Nutella. Parfait avec un café chaud pour repartir.
Prochaine étape : le col de Pinpinier. La montée est douce, on traverse un village endormi, bidons remplis à une fontaine. Arrivés au sommet, à l’ombre dans la forêt, on enfile la totale (doudoune, gants, veste) avant de plonger dans la descente. Saint-Auban s’étale sous nos roues : vert, vaste, désert. Matt s’éclate à rouler à travers champs avec ses pneus de 38, tandis que mes Black Bird en 28 restent bien sur le bitume.
Un tronçon brumeux donne une ambiance mystérieuse, un peu pesante avec quelques chasseurs au loin. Puis, retour au soleil. On atteint Demandolx, petit village où on avait déjà fait une pause lors d'une échappée en bikepacking. Mais là, tout est fermé. Tant pis, on continue.
Sur les hauteurs du lac du Verdon, le paysage devient spectaculaire : falaises, couleurs surprenantes en hiver. On est presque au bout du parcours. À 15 km de Saint-André-les-Alpes, Matt s’enfonce dans la boue près d’une plage, râle un peu, mais ça donne une très belle photo :)
On arrive enfin à destination : douche chaude à l’Hôtel Bel Air et dîner généreux à La Table de Marie. Une adresse simple, sympa, efficace qu'on recommande.
JOUR 2 : Réveil givré
Réveil glacial. Tout est gelé dehors. Premier réflexe : snooze. Mais après 30 minutes, il faut bien s’y mettre. On enfile toutes nos couches, cap sur un café ouvert et une boulangerie pour faire le plein de pizza et sandwiches dans les sacoches.
La journée démarre sur le bord du lac, dans un décor figé par le froid. Sur un pont, on s’arrête pour capturer la brume mystique qui remonte. Puis, on reprend la route, direction le "stratotype du Barrémien" (oui, on a cherché ce que c’était : des formations géologiques superposées en étage). Ça fait toujours bien de sortir un fun fact en pédalant !
La traversée
Après le hameau d’Angles, on s’offre une courte section gravel plutôt roulante. Pas de panique, si mes pneus passent, tout le monde peut. Les chevaux et les ânes nous observent passer, curieux. Petite pause pizza au soleil, avant de replonger vers le torrent d’Angles.
La montée jusqu'au col de Trébuchet nous occupe une bonne partie de la matinée. On flirte avec le soleil et les zones gelées. Une fois en haut, la descente nous berce, le froid mordant nos joues. Les villages se succèdent : Vergons, Val de Chalvagne, La Rochette, Saint-Pierre, Ascros...
Et là, surprise : le food truck de Will. Une gaufre au Nutella dans son jardin, ambiance moto et convivialité. Will propose de rallumer la friteuse pour des burgers, mais on décline (cette fois). On note l’adresse pour un prochain trip avec les copains.
La magie des routes oubliées
185 kilomètres en deux jours, sur des routes désertes où on a croisé à peine 10 voitures. L’impression d’être seuls au monde, comme des marmottes qui auraient zappé d’hiberner. Deux jours de liberté, à rouler juste pour le plaisir, et à se rappeler pourquoi on adore ça. On reviendra, c’est sûr. Peut-être en t-shirt cet été, mais cette aventure hivernale restera gravée. Comme quoi, il suffit d’un vélo, de quelques vêtements bien chauds, et de l’envie de partir.